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Le retour attendu du signal saisonnier
le plus évident
Le secteur du ciel étincelant
Rassemblement d'images sacrées



Les figures dessinées
dans la nuit par les étoiles,
figures "dramatiques" par nature



Pourquoi  ce repérage
sur des étoiles saisonnières?
La mesure du Temps par "lunes"



Quand l'imagerie lunaire
s'allie à l'imagerie stellaire
pour composer les séquences
du "cinéma mythique"



La condition humaine
et son évolution
dans la mémoire collective

Mise à jour - Mai 2011


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English version

 

De cette mise en regard attentive des grandes images mythiques (décrites ou figurées) et des images sidérales issues de l'observation de la rencontre de la souveraine absolue du calendrier rituel, la lune, et des grandes constellations repères, que pouvons-nous retenir ?


Fidélité de la mémoire collective
 
Sous l'apparente exubérance des récits et des représentations, due aux millénaires de tradition orale, au cours desquels des faits anciens et des croyances obsolètes ont été mille fois réactualisés, réinterprétés en fonction des nouvelles conditions de vie, se dessine, en chaque groupe humain, une volonté extraordinairement tenace - émouvante -  de transmettre le détail significatif (l'image ou le vocable clefs) qui relie ce groupe à son plus lointain passé, à ce qu'il pense être ses origines. Aux temps de l'immersion totale dans la nature sauvage, où la survie ne peut être que collective, cette transmission paraît maintenir en vigueur l'énergie du groupe, elle est son oxygène mental. Si bien que par cette volonté existentielle de faire passer à travers le temps ce que le groupe pense être son identité même, on voit, dans le flot bigarré des détails ajoutés par les générations de chamanes, griots, filis, aèdes, émerger, parfois extraordinairement intacts, des témoignages de l'évolution humaine.

L'ouvrage qui nous paraît le plus significatif à ce sujet, à consulter en premier pour qui s'intéresse au sujet,  est le "Popl Vuh" ou "Popol Vuh" (la "natte tissée", le "texte" des événements ), le livre sacré des Maya Quchés. Alors que la Genèse biblique, par exemple, transmet une forme de pensée relativement récente, celle des premiers pasteurs semi nomades et des premiers agriculteurs qui s'efforcent d'oblitérer les traditions plus anciennes considérées comme sauvages, la tradition Maya nous offre des clichés vivants des étapes antérieures : on y voit vivre le Simien ancestral, premier penseur-artiste (Hun Chouen), le Chasseur-collecteur, puis l'agriculteur sur brûlis ("Le Popol Vuh, histoire culturelle des Maya-Quichés", magistralement analysé par Raphaël Girard, Payot,1954, étude indispensable).


Le souvenir de l'évolution du simien à l'homme

On constate ainsi que, de l'Asie à l&lsquo;Amérique précolombienne, la mémoire mythique confirme l'idée darwinienne de l'évolution des espèces, y compris l'évolution de l'espèce humaine.

Alors que la tradition moyen-orientale et européenne, pour des raisons religieuses qu'il conviendrait d'analyser, a littéralement "figé" sa représentation de la création et refoulé, jusqu'au XIXème siècle, toute allusion à une ancestralité simiesque, la pensée asiatique, riche encore des intuitions premières issues de l'immersion dans la nature intacte où règne la métamorphose continuelle de l'énergie (la "Maia" de l'Inde: changement continuel d'apparence de toutes choses) reste "évolutionniste" par essence.

Si bien que les clefs des religions de la préhistoire sont à chercher dans la tradition encore vive en Asie : en Inde la tradition concernant les "Grands Rois Singes", les Vanaras ( = "Chasseurs" WNR: capter, chasser) d'où procède Hanuman/Hanumat, image sacrée de première grandeur encore actuelle. Ces "vaillants coureurs des bois" sont dits dans le Ramayana (ouvrage dont la lecture est indispensable à tout préhistorien) avoir été envoyés par les puissances divines pour ouvrir la voie à des frères humains plus civilisés.

 

Hanu Man

Rama Tchandra

De même, du Tibet à la Chine, l'image de l'Homme-Singe reste liée au souvenir d'une avancée du savoir : c'est, au Tibet, la médecine par les plantes, (mythe de Yd Hphrog Ma); en Chine la connaissance de la nature de l'énergie (légendes de l'Enfant humain du Singe Blanc).   Image simiesque et image humaine se mêlent étroitement dans la tradition concernant Soun Wou Kong, le "Singe Blanc" ancestral et Wou Tsi Gi, la "Guenon géante noire à tête blanche" antédiluvienne.

La silhouette simiesque, si bien occultée en Occident, reste, en cette partie du monde, liée aux représentations du voyage de l'âme qui cherche à travers la mort à retrouver la source créatrice originelle. Un peu partout en Asie, le Singe reste l'appariteur obligé des ballets rituels propitiatoires. En Birmanie, les spectacles de théâtre et de marionnettes à fil étaient, il y a peu, exemplaires à ce sujet : ils s'ouvraient par un rappel du passé des créatures terrestres sous forme de procession : en tête, venait la "Reine des Esprits", puis le Singe; puis les Deux Ogres, dont l'un était dit représenter la "civilisation", enfin  les animaux et les humains actuels. On peut voir transparaître dans ces apparitions l'évocation d'un temps où des êtres d'allure simiesque vénèrent une puissance créatrice féminine, une "mère céleste" souveraine des âmes, un temps où, dans les conditions de la prédation pure imprégnée de violence animale, s'élabore peu à peu, à travers des rites sacrificiels encore marqués d'anthropophagie, une forme de rapports différents, plus "humains".


Néanderthal ?

Le vaste compendium de traditions asiatiques que nous venons d'évoquer, où l'image simiesque fait figure de première apparence de l'Homme, peut donner à penser qu'une culture remarquable a pu être élaborée par des groupes de chasseurs considérés ensuite par les groupes de type Cro-Magnon comme "simiesques".

L'image mythique du Singe se révèle, en effet, très particulière : elle est "aérienne". Depuis les envolées continuelles d'Hanuman et de Soun Wou Kong et l'Orion chinois figuré en Gibbon en Asifd jusqu'aux singes étoilés et au Thot-lune Babouin de l'Egypte, nous constatons qu'elle est partout associée à l'espace céleste, à la lune et aux constellations.
Il est dès lors tentant de penser que les "Grands Rois Singes" de l'Inde, ces hominiens aux allures légèrement différentes des nôtres, considérés par la suite comme simiesques, pourraient être les initiateurs du premier grand "savoir" en relation avec l'Univers, les inventeurs des premiers calendriers stello-luni-solaire.

Ces tribus de Chasseurs pourraient être celles que nous classons sous le nom d'Hommes de Néanderthal. Ce que nous savons maintenant de ces cousins dotés d'un volume cérébral remarquable permet d'envisager cette hypothèse. Sur leurs aptitudes, il n'est que de lire le bel ouvrage exhaustif Néanderthal de Marylène Pathou-Mathis (Editions Perrin), qui allie science et humanité.

     
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