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d'accueil Mise
à jour - Mai 2011
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Comment,
dans la nuit, se dessine un idéogramme prestigieux
Sur les frontons des temples ou les métopes, Gorgo la Méduse fait naître Pégase, sur une poterie grecque Athéna qui lui succède et garde son image en pectoral, dessine et sculpte un cheval blanc. Ces figures sont, là encore, significatives : dans le ciel nocturne la puissance lunaire souveraine du calendrier et maîtresse de toute pensée créatrice, dessine. Toute notre étude tend à montrer que c'est précisément par les images composites qu'elle crée en s'adjoignant aux silhouettes des constellations, qu'elle signale aux yeux du groupe humain les grands moments sacrés où il convient d'agir religieusement. Un relief sculpté au temple de Silaur (Inde) mérite toute notre attention : il nous montre comment, à partir de l'arrivée de la lune sur les étoiles-repères, peut se construire une image composite. La divinité qui fait surgir cette image est Dourga. On la dit épouse de Shiva, la Puissance céleste dont la danse maintient en vie notre Univers. Au Bengale, en automne, on la prie de descendre du ciel, au cours de grandes festivités, pendant cinq jours : le moment final solennel est celui du "bain de la déesse", sous la forme de son effigie, comparable au bain de Hèra à Samos ou au bain de Sara aux Saintes-Maries de la Mer. Dourga est aussi Chandra, Tchandra (Kand : lumière blanche), la Lune. A Silaur, elle est entourée de ses attributs (la coquille Saint-Jacques, l'arc, le sabre) et accompagnée du félin. Au-dessus d'elle, le couple des deux annonciateurs célestes, les Gémeaux, survole son action, c'est-à-dire qu'elle se trouve sur les rives de la Voie Lactée. Elle domine de toute sa gloire le corps d'un quadrupède décapité dont l'échine porte une grosse étoile. Elle en extirpe, au niveau de l'encolure, le buste d'un humain (de face) qu'elle tire par les cheveux.
Cette scène est interprétée actuellement comme la représentation d'un acte divin bénéfique : la déesse extrait Mahisha (Le Très Grand, le Géant) de la forme bovine démoniaque qu'il avait été amené à prendre dans les temps anciens. Or ce même
Très Grand Mahisha, sur d'autres représentations, est
figuré en Minotaure, exactement dans la même position que
sur les céramiques grecques bien connues. Pour parvenir au Bain dans la Galaxie que l'on va célébrer rituellement, il lui faudra encore parcourir la partie restante du grand alignement Sirius-Trois-Rois. La transcription de cet alignement, c'est le corps du quadrupède, bovin ou équidé, le grand coursier dont le "coup de Pied" (nous l'avons vu à propos de Pégase) marque le jaillissement de la Nébuleuse. A Silaur, en greffant un buste humain (en trapèze de face) sur une échine et une croupe de quadrupède, Candra-Lune vient dessiner la figure composite qui porte en partie son nom : Kand
Aor , Kent Auros, Gand Arva, Idéogramme prestigieux. Il se manifeste comme l'icône représentative d'une culture évoluée répandue de l'Asie au Centre Europe, vraisemblablement élaborée par des peuples de premiers pasteurs nomades pour qui les buffles et les chevaux revêtaient une importance vitale. Ainsi Dumèzil
avait raison d'assimiler l'image et le nom du Gandarvah de l'Inde à
ceux du Kentauros de la Thrace. Les aspects des deux entités,
si on les examine attentivement à travers les mythes (en Inde
: entre autres, les amours et les noces divines de Pourouravas le Chasseur
et d'Ourvasi l'apsara céleste, en Grèce, Ixion amant de
la Nébuleuse, Chiron le Sage, les Noces de Thétis et Pélée
qui rassemblent les dieux et les hommes prélude à la Guerre
de Troie, Nessos et la Tunique fatale, etc.) ainsi qu'à travers
les documents figurés (céramique, sculptures) s'accordent
pour nous faire entrevoir une même culture. Dans cette culture, l'image du Centaure semble être un des derniers avatars de l'image préhistorique du coursier céleste qui emporte les âmes aussi bien dans la transe chamanique que dans la mort. Une statuette italienne hellénistique représente un Centaure pensif porteur d'un petit personnage humain levant une coupe (liqueur d'éternité ?) : elle s'accorde parfaitement avec le sens encore actuel en Inde du mot Gandharva qui désigne l'aptitude de l'âme à vivre éternellement par le passage à travers les incarnations.
Le mythe indien des "Noces d'Ourvasi" donne peut-être la date dans le cycle des saisons du cérémonial symbolisé par l'image du Centaure/Gandharva : on y voit naître l'Enfant Ayoush (Force de Vie). Il est issu des amours du Chasseur humain et de la "Belle Ourvasi". Cette mère divine danse dans les cieux, elle est à la fois onde (apsara, Ps : flot , psar : poisson) et vibration musicale. Témoignage de la présence divine dans la créature terrestre, le Nouveau-Né apparaît au Palais des Gandharvas: lors de la fête de "la Dernière Nuit de l'An", le Saratanim Ratrim. L'image centauresque paraît ainsi avoir évoqué un très ancien "Noël" du temps de "la Grande Déesse", quand la Puissance créatrice céleste était considérée comme féminine. Figure ainsi directement liée au calendrier religieux, le Centaure ne peut manquer d'entrer en rivalité, aux frontières du monde grec, avec Héraklès (Mythe d'Héraklès et Nessus, où apparaissent les images d'Orion interprété en Tunique étincelante et du passage par le Fleuve céleste galactique) : Hercule et Centaure seront relégués au musée des "vieilles lunes" par le grand harmonisateur des rites saisonniers, Apollon. Plus tard encore, quand on en sera à établir la carte complète du ciel, leur image sera utilisée pour désigner des constellations sans rapport avec leurs étoiles d'origine. On se souviendra cependant, en le plaçant dans un Zodiaque aux douze cases régularisées, que le Centaure devenu Sagittaire avait été lié, dans les anciennes croyances, à la remontée des âmes dans la Voie Lactée. |
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