<< Précédente Quand l'imagerie lunaire s'allie à l'imagerie stellaire
pour composer les séquences du "cinéma mythique"
Suivante >>



SOMMAIRE

Page d'accueil


Le retour attendu du signal saisonnier
le plus évident
Le secteur du ciel étincelant
Rassemblement d'images sacrées



Les figures dessinées
dans la nuit par les étoiles,
figures "dramatiques" par nature



Pourquoi  ce repérage
sur des étoiles saisonnières?
La mesure du Temps par "lunes"



Quand l'imagerie lunaire
s'allie à l'imagerie stellaire
pour composer les séquences
du "cinéma mythique"



La condition humaine
et son évolution
dans la mémoire collective

Mise à jour - Mai 2011


En savoir plus

English version

 

La rondeur de la pleine lune (suite)

On a encore vu dans la lune pleine :
Un visage qui regarde. L'astre manifeste le regard porté sur les créatures terrestres par la puissance céleste régulatrice. Concept d'importance primordiale, particulièrement illustré en Egypte sous la forme idéographique du hiéroglyphe de l'oeil : de par son mouvement sur le Zodiaque, la lune y est figurée par "l'oeil qui va vers la gauche").

Escalier d'Edfou

La représentation de l'astre par un oeil se traduira, dans la fabulation mythique, par des personnages à l'un oeil unique : Gwukub Kakish le maya, les Graiai, le Grées (GR = KR), les "vieilles lunes" qui n'ont qu'un oeil et qu'une dent à elles trois, le très fameux Cyclope.
Ce concept implique aussi que la disparition mensuelle de la lune (que nous figurons par un rond noir sur nos calendriers) soit considérée comme...

Un aveuglement. Les trois nuits d'obscurité sans lune annonçant le départ d'un nouveau cycle lunaire (nous les qualifions de "nouvelle lune"), cet "aveuglement" est le signal des cérémonies de Passage de Cycle. Comme ces festivités sont marquées de rites impressionnants de caractère sacrificiel et parfois anciennement anthropophagique, leur souvenir inspire des séquences mythiques dramatiques aussi nombreuses que fameuses au cours desquelles le héros nocturne est aveuglé. Maya : Gwukub Kakish; Palestine : Samson; Egypte : Horus (mythe particulièrement significatif puisque la lune est l'oeil d'Horus); Grèce : Orion évidemment, support de lune (les Trois Grées aveuglées par Persée, le Cyclope aveuglé par Ulysse, Oedipe, etc.).

Lune regard

Mosaïque d'Antioche

Plat de Camiros

C'est, semble-t-il, ce concept de "Regard lunaire", périodiquement aveuglé et restauré, qui transparaît dans le nom des Cérémonies d' "Ouverture de Cycle", qui s'illustre en Egypte dans le nom du fastueux "Nouvel An", cérémonies de passage vers un Temps nouveau, le

WP,
Woupou, Wopa, Opa, Opè

Evoquant l'idée de "voir" corollaire de l'image de "l'oeil", (Ophtalmos, Oculus) et de l'image de "l'ouverture qui permet de voir" (Met-ope) ce thème apparaît sans ambiguïté dans le nom de la lunaire Artémis Opis. Il tient une place importante dans la mythologie sous la forme Opè, Ops, dans les noms de très anciennes figures honorées en Méditerranée orientale : Pel-Ops, Mer-Ops, Cecr-Ops, Cycl-Ops. Le passé lointain que rappellent ces figures fondatrices est souvent marqué d'anthropophagie rituelle.

La sonorité même de ce "Wopa !", appel à la lune regard divin, signal de festivité, paraît avoir été transmise et vibrer encore dans son intégrité ancestrale dans le cri que lance le meneur du khoros "pontique", la danse en rond traditionnelle venue en Grèce des rivages de la Mer Noire.

Quand l'image de la rondeur de la pleine lune s'allie à l'idée que la puissance lunaire est maîtresse des marées, régulatrice des ondes liquides, l'eau, la sève et le sang, et distributrice des pluies fécondantes, on voit en elle la calebasse, la gourde, la citrouille céleste lumineuse. Mythes, contes et rites s'ensuivent : Halloween, par exemple. Comme l'Egypte avait fait de l'oeil lunaire plus ou moins intact son hiéroglyphe de mesure de capacité, les cultures précolombiennes font de cette calebasse plus ou moins pleine leur glyphe de mesure.

Avec l'invention de la poterie, apparaît l'image de la jarre sphérique, le vase dont on ne peut arrêter l'écoulement (Maya : Ish Mukanè; Grèce : les Danaïdes).

Amphore d'Eleusis                     Ish Mukanè

La décoration de ce grand récipient votif d'Eleusis (1m42) présente en haut l'Aveuglement du Cyclope à l'apparition du Grand Chien, et sur la panse  un défilé de Gorgones-jarres globuleuses entourées de serpents fulgurants. Le même langage idéographique se retrouve au Mexique : thême de la jarre verseuse d'ondes vitales intarissable aux mains de la Puissance lunaire, Ish Mukanè (codex de Dresde).


Dispensatrice du liquide de survie, nectar d'immortalité, la lune est

Une coupe brillante
. Inde : Sôma, à la fois prince-lune amoureux de la belle Rohini (l'Etoile rouge Aldebaran) et liquide sacré d'immortalité.

Cette alliance de l'image de la lune ronde et blanche avec l'idée de fécondité, d'abondance et de nourriture, fait de la puissance lunaire, avec l'arrivée de l'agriculture, la protectrice à invoquer lors de la préparation des farines (Pierrot et la Boulange) et des mets rituels saisonniers (Crèpes à faire "voler" lors des "Candellaria", etc.).

Un Bouclier rond. Image conçue au temps du métal (Coupe de Cadmos, mythe de Persée).

Ce Bouclier est en même temps
Un miroir rond (mythe de Persée, Tezcatlipoca aztèque, rôle du miroir magique dans les contes). Il y a bien plus longtemps qu'on ne croit que les cultures évoluées ont compris que la lune reçoit sa lumière du soleil. Ainsi en Egypte :

Khonsou-Ioh (lune) lumière de la nuit,
représenté par l'Oeil Gauche d'Amon,
quand Aton (soleil) se trouve au Couchant,
Thèbes est inondée de leur lumière, car
l'Oeil Gauche reçoit la lumière de l'Oeil Droit
...

Urkunden,VIII, cité par Dorchain, La lune, mythes et rites (Seuil)

     
<< Précédente  
Suivante >>
Contact
Qui sommes-nous ?
Copyright